Voir le sommaire Ne plus voir le sommaire
Des œufs, du beurre, du poulet et des huiles végétales… Des aliments qui contiendraient tous des traces d’hexane, un solvant dérivé du pétrole. Ce composé chimique est employé par l’industrie alimentaire pour améliorer l’extraction d’huile à partir de graines. Cependant, il subsiste sous forme de résidus dans ces produits, que nous consommons souvent sans en avoir conscience, selon une enquête que la Cellule investigation de Radio France a menée.
Lire aussi :
Carburants: bonne nouvelle pour tous les automobilistes et surtout ceux vivant à la campagne
Ne buvez plus l’eau du robinet dans ces régions elle est contaminée par des additifs cancérigènes
Des analyses sur 54 aliments du quotidien
Depuis 2021, dans une ferme affiliée à INRAE, l’Institut National de Recherche pour l’Agriculture, l’Alimentation et l’Environnement, des chercheurs mènent des études sur l’impact de l’alimentation animale traitée à l’hexane.
Leurs premières découvertes indiquent que ce solvant peut effectivement se retrouver dans le lait. Et, il s’agit d’une avancée scientifique notable !
Cependant, à ce jour, aucune réglementation n’a signé son entrée en vigueur pour encadrer la présence d’hexane dans la chaîne alimentaire animale.
À voir Ces 3 aliments contiennent plus de protéines que les oeufs selon ce nutritionniste
Des analyses effectuées sur 54 produits courants dans le Nord de la France ont révélé la présence de traces d’hexane dans près de la moitié d’entre eux. Bien que ces niveaux restent en dessous des limites fixées pour les huiles, certains experts soulignent que ces normes datent d’il y a près de trente ans.
A noter que selon la réglementation européenne, il est possible que de faibles traces d’hexane se retrouvent accidentellement dans le beurre de cacao, les huiles, les margarines alimentaires, ou encore dans les steaks de soja.
Des seuils maximaux ont vu le jour pour certains de ces produits. Mais aucune limite n’a été fixée concernant la quantité présente dans l’alimentation des animaux.
L’industrie utilise couramment l’hexane pour extraire un maximum d’huile des graines. Cependant, il peut laisser des traces dans les produits finis. Et, ces résidus ne figurent pas toujours sur l’étiquette.
En tant qu’auxiliaire technologique, il n’est pas soumis à une obligation d’information, ce qui pose un problème. Certaines marques de lait pour bébés, en France comme aux États-Unis, ont déjà exprimé leur intention de se passer de ce solvant. Johann Bonnet, créateur de la marque « Petits Culottés », partage : « Moi en tant que parent, me dire que mon enfant consomme du pétrole, même si c’est résiduel, ça me dérange beaucoup ».
Un solvant invisible mais nocif
Le danger sanitaire relatif à l’hexane refait donc surface. Ce solvant aurait des effets neurotoxiques et reprotoxiques. Une étude de l’Anses en 2014 le désignait déjà comme un possible perturbateur endocrinien. Pourtant, les réglementations n’ont pas changé depuis 1996.
À voir Ces 8 aliments à privilégier pour perdre du poids sans faire de régime
L’EFSA, l’autorité européenne de sécurité des aliments, prévoit de réévaluer les risques relatifs à l’exposition à l’hexane dans les aliments. Une réunion réunissant scientifiques et industriels devrait se tenir en juin 2025.
En plus des risques à long terme, l’hexane représente aussi une menace immédiate pour la sécurité des travailleurs. Ce produit, inflammable et susceptible d’exploser, a d’ailleurs été à l’origine de plusieurs accidents industriels graves.
Par exemple, en 2018, une explosion sur un site industriel à Dieppe a coûté la vie à deux employés. La société responsable de l’incident a d’ailleurs écopé d’une condamnation cette année.
Au regard de cette situation préoccupante, certains parlementaires demandent une interdiction totale de l’hexane. Tandis que d’autres proposent un contrôle plus rigoureux de son utilisation. Cependant, le secteur industriel tient tête, arguant qu’il est difficile de se passer d’un outil aussi performant et peu cher.
Source : France Info
Crédit photo © DivertissonsNous