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Depuis quelques mois, la question de la fin de l’abattement fiscal de 10 % qui bénéficie actuellement aux pensions de retraite occupe le débat public français. Cette mesure fiscale, en place depuis plusieurs décennies, permettait jusqu’ici d’alléger le montant imposable des revenus issus de la retraite. Le sujet a refait surface lorsque le président du Conseil d’orientation des retraites a évoqué cette piste dans les médias en janvier 2025, suscitant interrogations et inquiétudes parmi les personnes concernées.
D’où vient cet abattement fiscal de 10 % ?
L’abattement fiscal de 10 % a été instauré afin de compenser certains frais non déductibles pour les retraités, à l’image de la déduction forfaitaire appliquée aux revenus d’activité des salariés. Concrètement, chaque bénéficiaire d’une pension de retraite profitait automatiquement de cette réduction sur la part soumise à l’impôt sur le revenu, avec un plafond maximum fixé par l’administration fiscale.
La logique derrière ce dispositif reposait sur la nécessité d’équilibrer le traitement fiscal entre actifs et retraités. Alors que les premiers pouvaient soustraire certains frais professionnels, les seconds profitaient de l’abattement pour réduire leur base d’imposition, évitant ainsi une taxation pleine sur leurs pensions de retraite.
Qu’est-ce qui motive la suppression de cet avantage ?
Dans un contexte où la France cherche à consolider ses finances publiques, la suppression envisagée de l’abattement fiscal de 10 % fait partie des options sérieusement étudiées afin de générer de nouvelles ressources pour l’État. Selon les récentes déclarations officielles, il s’agirait d’une réponse directe à la nécessité de trouver des recettes supplémentaires face au vieillissement de la population et à l’augmentation structurelle des dépenses liées aux retraites.
Des voix institutionnelles, dont celle du président du Conseil d’orientation des retraites, ont souligné que cette mesure toucherait davantage les retraités disposant de revenus élevés. Plus le niveau de pension augmente, plus le supplément d’impôt serait conséquent, du fait de la disparition de la réduction automatique jusque-là accordée sur la déclaration de revenus.
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Quel impact concret sur la fiscalité des retraités ?
Si la suppression est adoptée, la pension nette fiscale – c’est-à-dire le montant soumis à l’impôt – sera recalculée sans tenir compte des 10 % de déduction. Cela se traduira directement par une croissance du revenu imposable, et donc du montant de l’impôt dû chaque année.
Selon le barème progressif de l’impôt sur le revenu, toute augmentation du revenu déclaré peut entraîner un changement de tranche ou une majoration sensible de l’impôt final. Les experts notent qu’un ménage composé de deux retraités pourrait voir sa facture annuelle croître de plusieurs centaines d’euros, en fonction du total des pensions perçues.
Prenons l’exemple d’un retraité percevant 20 000 € de pension annuelle : auparavant, il pouvait déduire 2 000 € (soit 10 %), n’étant imposé que sur 18 000 €. Demain, avec la suppression de l’abattement, son assiette taxable grimperait d’emblée à 20 000 €. Au fil des tranches, cette modification pèse d’autant plus lorsque les sommes en jeu augmentent.
Les foyers modestes pourraient être protégés par d’autres mécanismes comme les décotes ou exonérations partielles réservées aux faibles revenus. Cependant, tout reste à préciser selon d’éventuelles mesures d’accompagnement qui seraient décidées lors d’une réforme globale touchant la fiscalité retraite.
Comment les retraités peuvent-ils anticiper ce changement ?
Face à cette possible évolution, il est essentiel pour chaque retraité d’analyser précisément son avis d’imposition pour comprendre l’impact potentiel sur son budget. Utiliser un simulateur fiscal régulièrement mis à jour permet d’estimer le nouveau montant de l’impôt selon différents scénarios. Il peut aussi être pertinent d’évaluer des stratégies légales de défiscalisation adaptées à la phase de retraite, comme l’optimisation de certains placements ou l’ouverture d’un plan épargne retraite (PER).
Consulter un conseiller fiscal ou un expert-comptable demeure recommandé pour bénéficier d’un accompagnement personnalisé. Bien que la date d’entrée en vigueur éventuelle de la réforme ne soit pas connue, nombre de retraités cherchent déjà à mesurer les conséquences sur leur pouvoir d’achat futur. Certains spécialistes conseillent d’ajuster dès maintenant les prélèvements à la source ou d’envisager d’autres solutions permettant de réduire le revenu fiscal de référence.
L’information joue également un rôle clé : suivre l’actualité fiscale, interroger son centre des impôts et simuler plusieurs cas de figure sont autant de réflexes à adopter pour éviter les mauvaises surprises lors de la réception du prochain avis d’imposition.
Qui serait le plus exposé à une hausse d’impôt ?
Le projet cible principalement les retraités dont les pensions cumulées dépassent le seuil donnant droit aux exonérations classiques. En pratique, cela vise surtout les ménages aisés ou ceux ayant cotisé longtemps et bénéficiant d’un niveau de pension élevé, parfois grâce à des retraites complémentaires importantes.
En revanche, les retraités disposant de faibles retraites pourraient être en grande partie épargnés grâce à des règles spécifiques déjà en place, comme la franchise d’impôt pour les minimas sociaux ou certaines allocations. Tout dépendra des arbitrages effectués d’ici à l’annonce officielle des modalités précises concernant la suppression de l’abattement fiscal.
Crédit photo © DivertissonsNous
Sources
- https://manouvellevie.groupama.fr/s-informer-retraite/essentiel-montant-pension-retraite/fin-abattement-fiscal-retraites