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Sur les réseaux sociaux, le projet d’euro numérique porté par la Banque centrale européenne (BCE) suscite un flot de réactions alarmistes. Mais alors, où en est ce projet et surtout, l’argent liquide va-t-il disparaître ?
Argent liquide : la fin des billets et des pièces en France ?
Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la France, s’insurge sur X contre la fin de la liberté qu’offre l’argent liquide. Ce dernier dénonce une monnaie contrôlée par la BCE et potentiellement saisissable.
Cependant, comme l’explique Capital, l’euro numérique ne remplacera pas les espèces et l’argent liquide. Contrairement aux craintes relayées en ligne, l’euro numérique n’a pas vocation à tout remplacer.
Il s’agira d’un nouveau moyen de paiement, complémentaire à l’argent liquide et aux cartes bancaires. La Banque de France le précise : il s’agira d’un équivalent numérique des espèces, destiné à offrir plus de choix aux consommateurs, sans obligation d’utilisation.
Preuve que les espèces restent d’actualité : l’institution a annoncé un investissement de plus de 250 millions d’euros pour construire une nouvelle imprimerie fiduciaire à Vic-le-Comte (Puy-de-Dôme). Et ce, afin de moderniser la production de billets en France.
Autre inquiétude largement partagée : la crainte d’une surveillance généralisée. Là encore, la BCE assure que les paiements en euro numérique resteront confidentiels.
Ni la BCE ni les banques centrales nationales ne pourront accéder aux données personnelles des utilisateurs ni relier des paiements à des identités. Alors, pourquoi lancer un euro numérique ?
Une ambition stratégique
L’objectif est avant tout stratégique. La BCE veut renforcer la souveraineté monétaire européenne en proposant une alternative publique et fiable aux solutions dominées par les géants étrangers comme Visa, Mastercard.
Ou bien encore les applications de paiement mobile américaines. En Europe, ces deux acteurs contrôlent déjà plus de 70 % des paiements par carte.
Ce nouvel euro numérique permettrait donc à l’Europe de réduire sa dépendance vis-à-vis des opérateurs privés. Et ce, notamment en cas de crise, tout en proposant un moyen de paiement universel, gratuit et utilisable hors ligne.
Actuellement, seuls les billets et pièces sont des monnaies publiques, garanties par la BCE. Les dépôts bancaires et les crédits, eux, relèvent de la monnaie privée, créée par les banques commerciales.
L’euro numérique offrirait ainsi un accès numérique à une monnaie publique, accessible à tous, mais non rémunérée. Il serait donc impossible donc de générer des intérêts sur ce compte.
Il serait distribué via les banques commerciales ou La Poste. Et ce, à travers un portefeuille numérique plafonné, que l’on pourrait alimenter par virement ou dépôt d’espèces.
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Argent liquide : tout savoir sur l’arrivée de l’euro numérique
Ce portefeuille numérique permettrait de régler des achats, en ligne ou hors ligne, via une appli mobile ou une carte physique. Le projet de loi européen prévoit que les services de paiement de base en euro numérique devront être gratuits.
Et ce, à condition que le client en fasse la demande. Cela se veut donc être une manière de garantir l’accessibilité universelle de ce nouvel outil.
Mais, sachez que l’euro numérique n’est pas pour demain. La BCE a entamé sa réflexion en 2021, suivi d’une phase préparatoire en 2023.
La décision finale n’interviendra donc pas avant octobre 2025. Lorsque le Conseil des gouverneurs de la BCE statuera sur la suite à donner.
Si le projet se veut ainsi validé, l’euro numérique pourrait voir le jour entre 2027 et 2028. D’ici là, de nombreux débats auront lieu pour en définir les contours et lever les inquiétudes.
Crédit photo © DivertissonsNous