Entre frère et sœur, une exonération totale peut supprimer le droit de succession. Pourtant, un détail de statut civil fait vaciller cette promesse et plonge nombre d’héritiers dans l’incertitude. L’affaire, portée devant plusieurs juridictions, révèle des lectures opposées de la loi fiscale.
Frère et sœur : une exonération sous conditions strictes
Le Code général des impôts prévoit, via l’article 796-0 ter, une exonération intégrale pour certains frères et sœurs. Ainsi, le bénéficiaire doit être célibataire, veuf, divorcé ou séparé de corps au jour du décès. De plus, il doit avoir plus de 50 ans ou être atteint d’une infirmité l’empêchant de travailler. Enfin, il doit avoir vécu avec le défunt pendant 5 ans avant le décès.
En pratique, cette voie évite toute imposition si chaque condition est remplie. Le texte vise des situations de dépendance et de solidarité familiale fortes. Aussi, la preuve de la cohabitation continue sur cinq années reste décisive. L’administration réclame souvent des justificatifs de domicile concordants.
Si l’exonération échoue, le régime de droit commun s’applique entre collatéraux. L’abattement spécifique atteint 15 932 € pour les successions entre frères et sœurs. Au-delà, la taxation grimpe à 35 % puis 45 % selon les tranches. Un écart majeur avec l’exonération intégrale du droit de succession.
« La lettre de la loi paraît claire, mais son application se heurte à des parcours familiaux et conjugaux variés. »
Le point qui fâche : le PACS et la notion de “célibat”
Le cœur du litige tient à l’interprétation d’un statut civil devenu plus fluide. Ainsi, que faire du partenaire de PACS qui s’est séparé avant le décès ? Pour certains juges, la séparation d’un PACS ne vaut pas “séparation de corps”. En revanche, d’autres estiment que la logique du texte commande une lecture par analogie.
À lirePlan épargne logement : le taux des nouveaux PEL passe à 2% en 2026Cette hésitation entraîne des réponses opposées pour des situations proches. De plus, elle pèse lourdement sur le calcul du droit de succession et sur la décision de contester. Les héritiers cherchent donc des repères sûrs, parfois sans succès. Le besoin d’une position unifiée se fait sentir.
- 796-0 ter : exonération totale si conditions cumulatives remplies
- 5 ans de vie commune à démontrer avec des preuves solides
- 50 ans ou infirmité : condition personnelle décisive
- Sans exonération : abattement de 15 932 €, puis 35 %/45 %
- PACS rompu : jurisprudence partagée, issue incertaine
Ce que disent les décisions récentes
Selon les décisions rapportées, plusieurs juridictions s’opposent. Certaines retiennent une lecture stricte : pas d’extension implicite aux ex-partenaires de PACS. D’autres, au contraire, reconnaissent la proximité de situations et admettent l’exonération. En bref, la carte judiciaire n’est pas homogène.
Cette divergence crée un risque pratique au moment du dépôt de la déclaration. Ainsi, l’héritier peut solliciter l’exonération, tout en préparant un plan B. De plus, une réclamation peut suivre si l’administration refuse la demande. La stratégie dépendra de la solidité des pièces et du ressort territorial.
Les notaires accompagnent ces choix, dossier par dossier. Ils évaluent les chances, les délais et les coûts d’un contentieux. Par conséquent, la tactique consiste souvent à documenter fortement chaque condition. Le but reste d’éviter un redressement tardif, toujours pénible à vivre.
Comment sécuriser sa situation dès maintenant
Anticiper permet de réduire le risque et l’angoisse financière. Conservez des preuves continues de cohabitation : quittances, avis d’imposition, attestations. Ainsi, vous consolidez le volet “5 ans” souvent débattu. Aussi, gardez la trace de la rupture d’un PACS, avec dates et pièces officielles.
Un rendez-vous précoce avec votre notaire clarifie vos options. Des solutions patrimoniales existent, selon votre âge et votre santé. Par conséquent, il est possible d’alléger l’impact du droit de succession si l’exonération échoue. Assurance-vie et libéralités graduées peuvent amortir le choc.
Questions pratiques des héritiers concernés
Qui est “célibataire” au sens du texte ? Le débat sur le PACS illustre la tension entre lettre et esprit de la loi. Ainsi, l’ex-partenaire doit souvent plaider l’analogie avec la “séparation de corps”. En revanche, un jugement défavorable reste possible selon la juridiction.
Quels délais respecter ? La déclaration s’effectue en principe dans les 6 mois suivant un décès en France. Par conséquent, il faut réunir les pièces et chiffrer tôt l’actif et le passif. En cas de refus, une réclamation peut viser le recalcul du droit de succession.
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